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Mines de crayon, Pinceaux, Tambouille, Coups de coeur et coups de ventvents
29 janvier 2009

A l'ombre du vent

Premières lignes (extrait) :

Je me souviens encore de ce petit matin où mon père m'emmena pour la première fois visiter le cimetière des Livres Oubliés. Nous étions aux premiers jours de l'été 1945, et nous marchions dans les rues d'une Barcelone écrasée sous un ciel de cendre et un soleil fuligineux qui se répandait sur la ville comme une coulée de cuivre liquide.
- Daniel, me prévint mon père, ce que tu vas voir aujourd'hui, tu ne dois en parler à personne. Pas même à ton ami Tomás. A personne.
- Pas même à maman ? Demandai-je à mi-voix.
Mon père soupira, en se réfugiant derrière ce sourire triste qui accompagnait toute sa vie comme une ombre.
-Si, bien sûr, répondit-il en baissant la tête. Pour elle, nous n'avons pas de secrets. Elle, on peut tout lui dire.

ombreduventIl m'a emporté dès les premières lignes dans une lecture envoutante, avide et passionnée.

Au point d'avoir envie de le relire. Là, maintenant, tout de suite. Alors même que je viens de le terminer.

Et quelle tristesse de voir la fin du livre approcher. Étrange sensation d'abandon. Envie de faire durer chaque page encore plus longtemps. (et pourtant il en a déjà plus de 600 !!)

Dans une ambiance d'après-guerre au cœur de Barcelone aux alentours des années 1945, l'atmosphère du livre nous donne une impression de douceur, de chaleur.
Les personnages sont fabuleux et attachants. Leur panel est très varié : de Julián Carax ambigu et captivant au sinistre individu défiguré qui brûle ses livres, en passant par le cocasse Fermin Romero de Torres, Miquel Moliner et sa nostalgie, l'effrayant inspecteur Fumero ou encore le vieux gardien du Cimetière, Isaac, et sa fille, Nuria.

Toutes ces personnalités contribuent à faire de ce livre un petit bijou.

Parmi les personnages, il faut absolument citer Barcelone, personnage à part entière. La ville est sublimée, dans un halo de brume et de mystère, mais aussi rendu angoissante car encore hantée par la guerre civile. Une fois égaré dans les labyrinthes du quartier gothique de Barcelone, on n'a vraiment plus aucune envie d'en sortir

Initié par son père, Daniel - le héros principal du livre nous fait pénétrer dans le labyrinthe du cimetière des livres abandonnés. La narration nous donne l'impression d'être à leurs côtés lors de cet étrange rituel.

Un rituel qui se transmet de génération en génération : Daniel doit y adopter un volume parmi des centaines de milliers. Il rencontre le livre qui va changer le cours de sa vie et qui sera le fil conducteur du récit.

L'histoire est bien proportionnée. Tous les ingrédients sont présents : Amour, suspense, rebondissements et un peu de violence pour relever l'ensemble.
De nombreuses métaphores, de la poésie, beaucoup d'émotion, un style magnifique. A lire et relire sans modération.


Autres extraits :

Durant presque une demi-heure, je déambulai dans les mystères de ce labyrinthe qui sentait le vieux papier, la poussière et la magie. Je laissai ma main frôler les rangées de reliures exposées, en essayant d'en choisir une.J'hésitai parmi les titres à demi effacés par le temps, les mots dans des langues que je reconnaissais et des dizaines d'autres quej'étais incapable de cataloguer. Je parcourus des corridors et des galeries en spirale, peuplés de milliers de volumes qui semblaient en savoir davantage sur moi que je n'en savais sur eux. Bientôt, l'idée s'empara de moi qu'un univers infini à explorer s'ouvrait derrière chaque couverture tandis qu'au-delà de ces murs le monde laissait s'écouler la vie en après-midi de football et en feuilletons de radio, satisfait de n'avoir pas à regarder beaucoup plus loin que son nombril. Est-ce à cause de cette pensée, ou bien du hasard ou de son proche parent qui se pavane sous le nom de destin, toujours est-il que, tout d'un coup, je sus que j'avais déjà choisi le livre que je devais adopter. Ou peut-être devrais-je dire le livre qui m'avait adopté. Il se tenait timidement à l'extrémité d'un rayon, relié en cuir lie-de-vin, chuchotant son titre en caractères dorés qui luisaient à la lumière distillée du haut de la coupole. Je m'approchai de lui et caressai les mots du bout des doigts, en lisant en silence.

...
je m'approchais de lui et caressai les mots du bout des doigts, en lisant en silence : l'Ombre du Vent - Julian Carax
Je n'avais jamais entendu mentionner ce titre ni son auteur, mais cela n'avait pas d'importance. La décision était prise. Des deux côtés, je pris le livre avec les plus grandes précautions et le feuilletai, en faisant voleter les pages. Libéré de sa geôle, il laissa échapper un nuage de poussière dorée. Satisfait de mon choix, je rebroussai chemin dans le labyrinthe, le volume sous le bras, le sourire aux lèvres. Peut-être avais-je été ensorcelé par l'atmosphère magique du lieu, mais j'avais la certitude que ce livre m'avait attendu pendant des années, probablement bien avant ma naissance."

Maintenant que les 600 pages du livre me tournent le dos, que vais-je pouvoir lire tant ce livre me parait unique.

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Commentaires
T
Finalement, je suis dans Millénium (tome 1).<br /> Ca va.
S
Le premier extrait me fait penser au film "La Vie est Belle", lorsque le père fait tout pour cacher les atrocités de la guerre à son fils. <br /> Ah, que c'est dur de reprendre un livre après de belles lectures comme celle-la. Pour ma part, quand c'est comme ça, je me dis qu'il me faut couper le cordon avec ce livre, et je change donc radicalement de style, car je sais que j'aurais beau essayer, je ne retrouverais jamais la même ambiance, les mêmes sensations, immédiatement, que j'ai ressentit dans le précédent livre lu. Par exemple si ça a été un policier ou thriller, je passe à ce que j'appelle un livre de fille (genre "le Diable s'habille n Prada") etc.<br /> Bonne recherche
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