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Mines de crayon, Pinceaux, Tambouille, Coups de coeur et coups de ventvents
7 janvier 2011

Un Temps toujours si fou ...

Une nuit, je fais un rêve. Je suis dans une baignoire, une baignoire blanche. La baignoire est pleine d'eau. L'eau est très chaude. La vapeur emplit toute la salle de bains. Tout est flou. Tout se perd. Je me sens oppressée. Je suis très fatiguée. Je suis étendue dans cette baignoire, nue, très fatiguée. J'ai envie d'arrêter de respirer, de me laisser glisser dans l'eau brûlante, de disparaître lentement, avec douceur, pour toujours. Ma tête repose contre le rebord de la baignoire. Elle me fait mal. J'aimerais qu'elle ne repose contre rien, qu'elle redevienne libre, légère, qu'elle flotte sans douleur dans un vide, détachée de tout, détachée de moi. Mes cheveux s'enroulent autour de moi. Des larmes coulent sur ma joue. Je n'ai pas la force de les essuyer. Je les laisse couler. J'abandonne.

Quelqu'un s'avance vers moi. Il y a trop de vapeur dans la pièce pour que je distingue ses traits. J'attends. Il se rapproche. Il est là, soudain, tout près. C'est un homme. Il a un sourire très doux sur le visage. Je crois qu'il est beau. Il s'agenouille, se penche vers moi. Je n'ai pas peur. Je n'attendais rien. L'homme commence à me laver. Ses gestes sont délicats. Il frotte mon corps avec un gant. Je sens le parfum du savon, une odeur de citron, et de pomme, et d'autre chose. J'aime cette odeur. Elle me rappelle une sensation très agréable, je ne sais pas laquelle. Je ne cherche pas. Je ne cherche plus rien. L'homme frotte mes épaules, mon cou, mes seins, mon ventre, mes bras, mes cuisses. Je ne bouge pas, je ferme les yeux. Je me laisse faire. Je ne sais plus si je suis une jeune femme ou un enfant, ou une très vieille personne. Je ne sais plus rien. J'ai dû me perdre. Puis, sa main sur ma tête. Il appuie. Je ne lui résiste pas. Il appuie un peu plus. Il a compris, sans que j'aie besoin de lui dire. Je glisse sous l'eau. J'aime être là, immergée, complétement immergée. Je reste longtemps ainsi, mon corps disparu du monde des vivants, mon corps qui respire de plus en plus lentement, qui perd le souffle. L'eau est devenue froide. La main n'a pas quitté ma tête, je n'ai pas peur, je suis en paix : cette fois, je crois que je m'en vais.

Puis d'un coup, son bras qui me saisit, qui me tire vers le haut. Il me fait remonter à la surface. Ma bouche soudain à l'air libre. La sensation effrayante, merveilleuse, de l'air libre sur mon visage. Je voudrais crier. Je ne peux pas. Je suffoque. Il me tient tout contre lui. Je sens la chaleur de son corps. Je sens son souffle sur mon front. Je reste agrippée à lui. Je le serre de toutes mes forces. J'entends le battement de son cœur. Son visage très près du mien. Son regard très doux, très profond, très clair. Il pose une main sur ma joue. Il sèche mes larmes. Il me lave encore le cou, le visage. Je ferme les yeux.

Longtemps après, très longtemps après, lorsque mon corps a fini de trembler, je lui demande pourquoi il a fait ça. J'entends alors sa voix, un murmure à mon oreille : «Ne vois-tu pas que je te console ? ».

Rassurez-vous ce n'est qu'un rêve !

Après vous avoir inquiété, je vais maintenant vous décevoir car ce texte n'est pas de ma main mais le premier chapître du livre Un temps fou de Laurence Tardieu.

Si vous aimez son style, sa légèreté, allez la lire. Vous ne le regretterez pas.

Son livre, je l'ai lu et relu sans jamais m'en lasser.

Et j'aimerais tant vous le faire partager.

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