Littérature étrangère du XXème siècle
Dans le genre littérature étrangère du XXème siècle, un livre qui se lit bien, que l'on peut résumer en quelques mots.
- Récit de vie ou récit sur l'art de bien mourir.
- La sensation du "déjà vu" qui donne lieu à de très belles digressions sur le sens de l'existence.
Le coeur de Minoru bondit soudain dans sa poitrine. Son regard glissa lentement du cou d'Otawa vers sa nuque, ses oreilles, sa bouche. C'était la première fois qu'il désirait une femme mais, naturellement, l'enfant de sept ans n'avait aucune conscience de l'instinct sexuel qui germait en lui. Elle le prit dans ses bras. C'était un geste tendre de soeur aînée, mais en sentant contre lui les rondeurs féminines sous le kimono aux motifs indigo, une gêne indicible envahit Minoru. Un terrible drame va séparer très tôt la séduisante adolescente et le petit garçon. Mais devenu un célèbre armurier, marié, père de six enfants, Minoru Eguchi n'oubliera jamais son premier amour. Au soir de sa vie, c'est vers son souvenir qu'il se tourne en même temps que vers un passé où les disparus tiennent de plus en plus de place. Naît alors en lui l'idée de faire édifier une statue de Bouddha à partir des cendres de tous les morts de son village - dont Otowa réunis en une sorte d'égalité originelle...
Extrait :
« Tu as entendu parler de la métempsycose ?
Métempsycose ?
C’est
l’abbé du temple d’Ôtakuma qui m’en a parlé, ça veut dire quand un
homme meurt, son âme, elle, ne meurt pas, elle emprunte simplement un
nouveau corps, selon certaines règles.
Ça me dit quelque chose.
Ainsi, l’âme ne meurt jamais, elle voyage seulement de corps en corps.
Je vois, fit Minoru en hochant la tête.
Si,
au moment où elle se réincarne, l’âme a encore des souvenirs de ce
qu’elle a expérimenté dans son corps précédent, ce n’est guère étonnant
que surviennent des sensations de déjà-vus.